Tristesse illégitime

Publié le 12 février 2007 par Mitzie

Oh je sais bien, j'ai un Ernest génial, un boulot, une famille gentille, des amis, une bonne santé, et tout va bien pour moi, à part un petit détail.

Je sens bien que ça agace les gens que je me plaigne. D'ailleurs je m'agace moi-même. C'est d'un pénible ces gens qui se plaignent pour un rien !

Et pourtant je fais des efforts pour ne pas emmerder tout le monde. Même mes très proches qui sont au courant, qui essaient de me rassurer, refusent d'entrendre ma tristesse, et je ne leur impose pas. Même Ernest, qui est celui à qui j'en dis le plus.

Il ne sait pas toutes les larmes des matins, le désespoir qui m'envahit régulièrement, la colère que j'ai contre moi-même, contre mon corps qui me trahit. Il ne sait pas que parfois j'ai l'impression d'avoir l'âme ridée. Il ne sait pas que certains jours je me sens si lasse que j'ai peur de ne jamais arriver à dépasser cette attente. Que j'ai peur que les marques qu'elle est en train de laisser soient indélébiles. Que j'ai peur de perdre pour de bon entrain et spontanéité.

Lui il tient bon. C'est même une des choses qu'il fait le mieux. Parler de ce qu'il ressent, il ne sait pas trop faire, même si je sens de temps en temps une pointe d'inquiétude derrière les mots rassurants. Mais tout de suite après, il se redresse. Il rationalise, prévoit, écoute, et me cajole.

Je ne sais pas s'il craque des fois. Je ne sais pas s'il désespère ou s'il vitupère. Mais je sais qu'il souffre aussi.

Et je ne peux même pas dire à quel point je lui suis reconnaissante d'être là.

Oui ce sont des mots violents, pour quelque chose qui n'est objectivement pas grave. Peut-être que si j'avais été "prévenue" que ça pouvait durer aussi longtemps, je ne réagirais pas comme ça. Mais le fait est là. Je ne peux pas nier ma tristesse. Même si elle n'est pas justifiée, même si elle est nocive. Si je savais comment m'en débarrasser, j'en serais ravie. Je ne crois pas être quelqu'un qui se complait dans la souffrance, et c'est la première fois que je me retrouve dans une situation comme ça. Culpabiliser d'être triste, ce n'est probablement pas une bonne solution.

Alors jusqu'à maintenant, même ici, j'essayais de rester positive. Peut-être que je ne devrais pas. Après tout, ce n'est qu'un blog, ce n'est pas supposé refléter fidèlement ma vie. Ici je n'ai pas à m'excuser de faire chier les gens - personne n'est obligé de me lire. Je pourrais écrire ma facette triste, amère et pénible ici pour être gaie, optimiste et légère ailleurs - je le suis quand même le plus souvent, malgré tout ce que je viens d'écrire.

Oui, ça serait pas mal...