2002:23 Décollage

Publié le par Mitzie

En 2002, ça commence à faire des mois qu'on est au chomage. On habite chez mes parents la plupart du temps, avec ma soeur et son copain pendant un temps, qui travaillent, eux. Je trouve ce temps de repos relativement agréable, par contre le regard des autres est pénible, la cohabitation avec ma soeur en particulier. Heureusement mes parents sont adorables comme d'habitude. Je fais les annonces tous les matins et j'ai l'impression de jouer à la chasse aux trésors !

La partie entretiens est nettement moins sympa ; je me déplace et à part une ou deux exceptions je suis ravie de ne pas être prise ; postes mal payés, inintéressants, j'ai l'impression que les employeurs se foutent de ma gueule. La conjoncture est très morose. Je commence à penser que je me suis trompée de voie professionnelle.

C'est encore plus difficile pour Ernest, qui passe trois fois plus d'entretiens sans aucun succès, culpabilise terriblement de vivre aux crochets de mes parents (les siens ayant plus ou moins volontairement fermé la porte derrière leurs enfants partis en prenant une maison plus petite). Il déprime, n'arrive pas à se vendre, c'est un cercle vicieux qui m'inquiète. En plus il est en demande constante de tendresse, et moi au contraire, j'ai l'impression de servir uniquement d'antidépresseur, je bloque un peu ; ce sont nos premières difficultés liées au sexe. On fait des petits boulots, plus pour s'occuper que pour gagner de l'argent. On s'était jurés d'éviter Paris, et de rester ensemble. Au fil des mois, nos exigences diminuent. On voit bien que ça devient vital de trouver du boulot, n'importe lequel, n'importe où.

Je finis par en trouver à Paris bien sûr, qui n'a rien à voir avec ma formation, mais je suis contente et motivée. Ernest se lance dans une formation et trouve également du boulot à la sortie, en province, loin de moi... on a tout faux par rapport à ce qu'on avait décidé, mais on fera avec...

Lorsqu'Ernest part pour son nouveau boulot, il fait ses bagages, il va habiter quelques mois dans un foyer de jeunes travailleurs. Je me rappelle de ce moment, on est un peu tristes mais c'est pour la bonne cause. Avec ma mère on lui prépare un petit carton avec le minimum vital : une bouilloire, des pâtes, du riz, quelques boîtes de conserve, un peu de vaisselle... Il nous regarde nous affairer sans comprendre que c'est pour lui. Et quand il le comprend et qu'il découvre tout ce petit nécessaire préparé avec amour, pas grand chose pourtant... il est tout ému et il éclate en sanglots ! Ca me choque, sur le coup, je ne comprends pas. Et je ne sais toujours pas bien pourquoi ça l'a touché autant, mais je sais que j'aime sa sensibilité, même si c'est parfois déroutant, je trouve ça merveilleux de voir parfois le petit garçon derrière l'homme...

Publié dans Cailloux

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